Lors de la cérémonie de lâcher de roman de ce 16 décembre 2021, le coup d’envoi officiel de la nouvelle édition a été lancé avec la présentation de l’ensemble des ouvrages que seront chargés de départager d’ici mi-mars les étudiants jurés. Découvrez-lez dans cet article !

Tous les ouvrages sont disponibles à la librairie et les bibliothèques de SciencesPo

1

A la mort de son mari Emmanuel, Tara voit remonter un passé qu’elle pensait profondément enfoui.

Une petite fille d’un autre pays, avec un autre nom et une autre vie refait surface pendant son travail de deuil. En effet, une fois le rempart que produisait Emmanuel aboli, Tara se retrouve seule. Désemparée, elle vacille face à des souvenirs d’une enfance heureuse violemment brisée.

Dans une première partie, on plonge avec la narratrice dans la vie de celle qui s’apellait Vijaya. Enfant rieuse, aimant danser, elle sera pourtant rattrapée par les démons de son pays à la mort de ses parents opposants politiques. S’en suit un ballottage par le sort, forcée d’avorter, « fille gachée » à qui l’on assène « rien ne t’appartient ».

Nathacha Appanah nous accompagne dans les tréfonds de l’identité à travers l’histoire poignante de Tara. La perte et la reconquête sont les thèmes qui portent ce texte, sur la force de ces femmes qui se relèvent et se réinventent pour survivre.

 

Rien ne t'appartient

Natacha Appanah

Gallimard – 160 pages

 

2

La carte postale

Anne Berest

Grasset – 502 pages

 

Anne Berest signe un thriller mémoriel à travers l’Europe, sur les traces de son histoire familiale.

En 2003, l’auteure trouve une carte postale anonyme dans sa boîte aux lettres. Dessus figure les prénoms de ses grands-parents, de sa tante et de son oncle, tous assassinés à Auschwitz en 1942. Bien que mise de côté pendant près de vingt ans, l’héroïne ressentira le besoin de s’y repencher lors de sa maternité. S’en suit une quête pour retrouver l’auteur de cette carte postale.

Commence ainsi un voyage qui l’emmenera plus de cent ans en arrière, de la Russie à la Lettonie, en passant par la Palestine et la France, jusqu’aux camps de la mort. Emporté dans le tourbillon du récit, le lecteur suit le personnage dans ses questionnements, ses réflexions sur sa propre identité. Fil conducteur de ce cheminement la question: Que signifie être juif en France aujourd’hui ?

Les chapitres courts, percutants, nous plongent dans cette quête de vérité qui dénonce l’antisémitisme d’hier et d’aujourd’hui.

 

3

Le journaliste et écrivain français Eric Fottorino publie une fresque romanesque célébrant de manière contrastée l’enracinement et l’identité paysanne. Un roman vibrant sur une famille du Jura au bord de la faillite qui cède aux sirènes des éoliennes.

Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite et gommer son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs de gigantesques éoliennes.

Mo, lui, aime la lenteur des jours, la quiétude des herbages, les horizons préservés. Aussi quand le chantier démarre, qu’un déluge de ferraille et de béton s’abat sur sa ferme, s’en est trop. Il ne supporte pas cette invasion qui défigure les paysages et bouleverse les équilibres entre les hommes, les bêtes et la nature. Dans un Jura rude et majestueux se noue le destin d’une longue lignée de paysans. Aux illusions de la modernité, Mo oppose sa quête d’enracinement. Et l’espoir d’un avenir à visage humain. 

Avec Mohican, Éric Fottorino mobilise toute la puissance du roman pour brosser le tableau d’un monde qui ne veut pas mourir.

Mohican

Eric Fottorino

Gallimard – 288 pages

 

4

Le voyant d'Etampes

Abel Quentin

Editions de l’Observatoire– 384 pages

Le héros de ce roman a quitté son pays natal à neuf ans, avec sa mère désormais « analphabète bilingue ». D’une enfance pauvre dont les souvenirs reviennent par bribes, il a su sortir grâce à la littérature.

Jean Roscoff est un universitaire à la retraite qui se lance dans l’écriture de la biographie d’un poète noir américain. Celui-ci communiste et proche de Sartre mourut en France dans un accident de voiture dans les années 60.

Une fois publié, ce livre déclenche une énorme vague de critiques sur les réseaux sociaux. A l’origine de la polémique : l’auteur, Jean Roscoff, accusé ne pas avoir assez souligné que ce poète américain était noir. Ces accusations atteignent fortement cet universitaire alcoolique, ancien militant de SOS Racisme et grand admirateur de Charles Péguy. En effet, il se retrouve au cœur d’une guerre sur les réseaux sociaux, qui le dépasse.

A coeur de ce roman donc les débats actuels sur la cancel culture, la notion d’identité, la dangerosité des réseaux sociaux etc. En outre, tout se mêle dans cet ouvrage plein de suspens et de drôlerie, qui promet de  troubler les lecteurs du début à la fin de l’intrigue. Enfin, il traite de la place des professeurs et universitaires dans les débats liés à la transmission de l’histoire.

 

5

La fille qu’on appelle c’est Laura, 20 ans, qui revient vivre dans une petite ville de bord de mer auprès de son père, boxeur sur le retour. Prise dans les mécanismes de l’emprise, elle sera abusée par le maire de la ville, futur ministre.

En effet, la jeune fille après avoir étudié ou travaillé à Rennes – ce n’est pas très clair, tout comme l’activité qu’elle exerçait, entre mannequinat et photos légèrement vêtue- revient dans sa ville natale. Elle tente alors d’obtenir un logement social auprès du maire de la ville, dont son père est le chauffeur.

Ce dernier mettra à profit son pouvoir, pour abuser de la jeune fille en lui faisant miroiter un logement et un travail. Employée au casino de la ville, dont le directeur n’est autre qu’un grand ami du maire et l’ancien sponsor de son père, elle devient « la fille qu’on appelle ». Celle, qui ssise à son tabouret près du bar, monte rejoindre le maire dans une chambre à l’étage.

L’histoire de Laura se dévoile au fil de son dépôt de plainte au commissariat de la ville. Intercalant dialogue avec les policiers et récit de son emprise, le livre interroge les rapport de domination sociale et la notion de consentement. Ces deux grands thèmes forment la trame de ce récit noir, social et psychologique. Laura, comme son père sur le ring, fait face à l’influence manipulatrice de ce qui détiennent le pouvoir.

Tanguy Viel, en sondant cette géographie de l’emprise révèle les mécanismes retors du jeu et des manœuvres politiques qui s’instaurent à l’échelle locale.

La fille qu'on appelle

Tanguy Viel

Les éditions de Minuit – 176 pages.