Le 2 février 1933, Christine et Léa Papin assassinent leur patronne et sa fille. Cette affaire qui a tant fasciné les surréalistes comme Jean-Paul Sartre ou encore Simone de Beauvoir a continué à inspirer bien des auteurs. Voilà que presque un siècle plus tard, Julia Minkowski, avocate pénaliste reconnue, publie son livre Par-delà l’attente aux éditions JC Lattés.

C’est d’ailleurs à travers certaines créations artistiques inspirées de ces événements que Julia Minkowski a découvert l’Affaire Papin. D’abord à travers la lecture de « A judgement in stone » de Ruth Rendell lorsqu’elle était lycéenne puis en regardant « Les blessures assassines » de Jean-Pierre Denis.

Mais alors que la plupart des œuvres inspirées de cette affaire se sont penchées sur la figure transgressive des sœurs Papin en tant que femmes ouvrières ayant assassiné leurs patronnes, Julia Minkowski s’est intéressée à un autre personnage féminin, plus invisibilisé mais pas moins transgresseur : Germaine Brière.

Première femme inscrite au barreau du Mans et avocate ayant accompagné un client à l’échafaud en 1932, Julia Minkowski découvre Germaine Brière alors qu’elle fait des recherches pour son livre L’avocat était une femme, co-écrit avec Lisa Vignoli. Comment était-ce possible que l’avocate au cœur de l’un des procès les plus célèbres de France soit restée à ce point à l’écart des projecteurs ? 

Co-fondatrice du Club des Femmes Pénalistes, il n’est peut-être pas surprenant que l’auteure se soit ainsi intéressée à Germaine Brière. Et à l’entendre parler de cette femme libre, déterminée et moderne dans sa manière de construire son raisonnement juridique, nous pouvons difficilement imaginer une auteure mieux placée pour raconter l’histoire de cette avocate d’exception. À la croisée de la recherche et de la fiction, Julia Minkowski s’est ainsi lancée dans l’écriture de son premier roman. Un projet qu’elle entretenait depuis longtemps et qu’elle décrit non pas comme une expérience solitaire mais plutôt « connective », de par les nombreuses rencontres qu’elle a faites pendant ses recherches. 

L’auteure s’est également liée au personnage de Germaine, qu’elle essaye de comprendre en faisant appel à ses qualités d’avocate mais en se fiant également à son intuition, dont ses recherches ont souvent confirmé la justesse. Elle a par exemple deviné la relation que Germaine a entretenu avec son confrère Félix Géneslay en regardant une seule photo. Pourtant, et de la même façon que le public n’aura jamais le fin mot sur l’histoire des sœurs Papin, il restera des questions sans réponse sur la vie de leur avocate. Des questions que l’auteure se pose elle-même, notamment concernant son ressenti lorsqu’elle a dû accompagner son client à l’échafaud en 1932.

En ce qui concerne sa vocation d’écrivaine, Julia Minkowski a confié à l’audience qu’ étant une lectrice avide de longue date, c’est également dans sa jeunesse qu’elle s’est initiée à l’écriture… dans le style épistolaire. Feignant de prendre des notes pendant ses cours les plus mornes, elle a pris l’habitude de rédiger des lettres qu’elle échangeait par la suite avec ses amies. Cette passion pour l’écriture l’accompagne depuis, ayant réussi à combiner sa personnalité d’écrivaine et d’avocate, un métier qui la passionne et qui « l’habite » sans pourtant devenir un fardeau.

MARTA LASHERAS SANCHO